Nous avons vu l’ordinateur naître, balbutier, chauffer, planter.
Nous l’avons apprivoisé sans manuels, sans tutos, sans gourous en ligne.
Pas de YouTube pour nous tenir la main, juste nos erreurs, notre curiosité et cette foutue envie de comprendre.
On ouvrait les machines comme on ouvre un moteur de mobylette.
On apprenait à coder comme on apprend la guitare , à l’oreille, à l’instinct, avec passion et patience.
Pas de métiers du numérique à l’époque.
Juste des gamins qui bidouillaient, des passionnés qui cassaient pour mieux réparer, des rêveurs qui pressentaient l’avenir dans le vrombissement d’un modem 56K.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui les outils sont là, brillants, accessibles, puissants.
Mais les jeunes s’y perdent parfois.
Non pas parce qu’ils sont moins capables, mais peut-être parce qu’on leur a trop mâché les chemins.
Ils consomment la technologie, nous, on la construisait.
Ils scrollent, on explorait.
Ils téléchargent, stream, on comprenait.
Ce n’est pas une critique, c’est un appel.
Un appel à rallumer la flamme de l’apprentissage par soi-même.
À oser rater, tâtonner, chercher.
À retrouver ce goût de l’effort libre, de la victoire intime, quand on comprend comment ça marche.
Nous ne sommes pas meilleurs, nous sommes témoins.
Témoins d’un temps où l’on devenait expert en devenant curieux.
Témoins d’un monde qui naissait et qui aujourd’hui s’endort dans le confort.
Alors, à toi, jeune frère, jeune sœur du numérique .
Ne laisse pas la machine penser à ta place.
Ne deviens pas simple utilisateur, quand tu peux encore devenir créateur.
Apprends à chercher, à douter, à démonter.
Apprends à te tromper, à réparer à comprendre.
Car derrière chaque ligne de code, chaque puce, chaque pixel…
il y a l’esprit d’un humain qui, un jour, a osé apprendre par lui-même.
Fraternellement.
D’un ancien qui ne se croit pas vieux, mais qui sait ce que veut dire apprendre sans qu’on nous le dise.
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