Neutralité et financements : France Télévisions sur le grill des députés
Dans l’hémicycle transformé en arène, Delphine Ernotte Cunci a passé plus de quatre heures trente à répondre aux questions serrées des députés, réunis au sein d’une commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public.
Cette audition, très attendue, s’inscrit dans un climat politique tendu, marqué par de récentes polémiques autour du service public audiovisuel.
D’entrée, la présidente de France Télévisions a plaidé pour la légitimité du débat sur la neutralité, qu’elle qualifie d’« exigence absolue » pour un média financé par l’ensemble des citoyens.
Elle a affirmé que France Télévisions doit s’adresser à tous les publics, sans biais idéologique, et a défendu la rigueur de son information malgré quelques erreurs d’antenne reconnues.
Sur le plan du financement, Ernotte Cunci a expliqué que le groupe public se situe dans la moyenne européenne en termes de coût par habitant et a réfuté l’idée selon laquelle France Télévisions serait inefficace ou surfinancé.
Elle a souligné la concurrence accrue des plateformes numériques et observée la nécessité de toucher les jeunes publics.
Les débats ont été vifs.
Plusieurs députés ont critiqué ce qu’ils estiment être un manque de pluralisme, citant des déséquilibres dans la représentation des opinions politiques à l’antenne.
L’un d’eux a requis plus d’« équilibre idéologique », arguant que la majorité des Français se situent à droite, une affirmation contestée par les défenseurs du service public.
Au passage, Ernotte a dû s’expliquer sur des frais de réception pendant le Covid et des accusations variées, réfutant les chiffres ou clarifiant leur nature.
Elle a également souligné les sanctions internes prises après des erreurs d’antenne.
Le décor politique ne peut être ignoré , cette commission a été initiée par des députés proches de l’Union des droites pour la République, qui veulent soulever des questions sur la neutralité des médias publics et leur avenir dans un paysage où certains plaident pour une privatisation partielle ou un resserrement de leurs missions.
L’audition met en lumière une tension aiguë entre deux visions , d’un côté, une conception du service public comme rempart démocratique, chargé de fournir une information fiable, indépendante et accessible à tous.
De l’autre, une critique politique insistant sur le pluralisme effectif des opinions et sur une gouvernance qui paraît parfois opaque.
Le débat dépasse la simple gestion d’une entreprise publique , il touche à la confiance que peuvent accorder les citoyens à leurs institutions médiatiques.
Stratégiquement, Ernotte a adopté un ton pédagogique et défensif, réaffirmant des engagements plutôt que de modifier radicalement la ligne éditoriale.
Cette posture illustre le dilemme du service public dans un environnement où la défiance envers les médias s’entremêle avec des enjeux politiques profonds.
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