Guadeloupe : Et si l’État avait enfin le courage de la justice foncière ?


Il est une île au cœur des tropiques où la canne à sucre danse encore avec le vent où les mornes racontent l’Histoire mieux que les livres et où les terres, ces terres qu’on dit « à qui ? », gémissent dans le silence de l’abandon fiscal.

La Guadeloupe, notre terre-mère, vit une étrange injustice que peu osent nommer, encore moins corriger. 

Depuis des décennies, l'impôt foncier y est un continent à part, un territoire de non-droit où l'État semble avoir perdu sa boussole républicaine. 

Une ombre épaisse couvre le cadastre. 

Des milliers de parcelles sont mal recensées, des héritages non régularisés, des propriétés invisibles aux yeux du fisc.

 Et pendant ce temps, certains payent, beaucoup ne payent pas et l’équité se noie dans les eaux tièdes de l’inaction.

Où est passé le courage d’agir ?

L’État français se veut garant de trois grands principes : Liberté, Égalité, Fraternité. 

Mais à cela, en Guadeloupe, il faut ajouter un mot oublié, Équité. 

Car sans équité, l'égalité n’est qu’une illusion peinte sur les murs des mairies et la fraternité, une promesse creuse qu’on ressasse les jours de commémoration.

L’équité foncière, c’est aller sur le terrain, les bottes pleines de boue si besoin, interroger les vieux de la vieille qui connaissent les terres centimètre par centimètre, croiser les récits familiaux avec les cartes administratives, refaire le cadastre à hauteur d’homme. 

C’est aussi avoir le courage de dire à certains : « Vous devez » et à d'autres : « Vous avez trop payé. »

Mais cela exige du courage. 

Pas celui des discours, non. 

Le courage politique, celui du terrain, de la poussière, de la confrontation nécessaire.

Aujourd’hui, ce courage semble en déclin. 

Aller sur le terrain ? 

Trop risqué, trop complexe, trop explosif politiquement. 

Résultat : l’État préfère ne pas voir. 

Il laisse pourrir les situations, abandonne les collectivités à un manque criant de recettes fiscales, creuse les inégalités, nourrit la défiance et rend les honnêtes gens amers.

Impôt foncier : une justice sociale à rétablir.

Car l’impôt, qu’on l’aime ou non, est un pilier de la République. 

Mais encore faut-il qu’il soit juste, équitable, universellement appliqué.

En Guadeloupe, il est devenu un champ de ruines : terres « dormantes », indivisions sans fin, propriétaires absents, dettes impayées qui s'accumulent, collectivités qui peinent à lever des fonds. 

Et pourtant, on continue à parler de développement, de justice sociale, de projets d’avenir ? 

On ne bâtit pas du neuf sur un sol rongé par l’oubli.

Ce ne sont pas les lois qui manquent, ce sont les bras pour les appliquer, les yeux pour voir et le cœur pour comprendre.

L’appel de la terre

Les anciens le disaient : « La terre, c’est la mémoire des familles. »

Mais si cette mémoire est mal reconnue, mal gérée, mal taxée, c’est toute une société qui se désagrège.

L’impôt foncier, en Guadeloupe, ne doit pas être un outil d’injustice mais une boussole de justice. 

Un levier pour financer les écoles, les routes, les projets culturels, le mieux-vivre ensemble. 

Mais pour cela, il faut aller sur le terrain, écouter, entendre, enquêter, et surtout régulariser avec humanité.

Conclusion : il est temps de réveiller l'État

La Guadeloupe ne demande pas des faveurs, mais du respect, de l’équité et du courage.

Il est temps que l'État se souvienne que la République n’est pas complète tant qu’un territoire reste dans l’ombre.

Il est temps que le terrain ne soit plus une peur, mais une priorité.

Il est temps que le mot « justice » reprenne racine jusqu’au fin fond des mornes oubliés.

Et si la vraie modernité, c’était d’oser enfin remettre de l’ordre, non dans un esprit de punition, mais dans un souffle de vérité partagée ?

La terre guadeloupéenne attend. 

Elle n’oublie rien. 

Elle appelle.


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