Après le désenchantement, la réinvention du commun

Le désabusement n’a pas tout emporté. 

Sous la surface d’une société fatiguée, une France souterraine se relève, discrète mais déterminée. 

Ce pays-là ne croit plus aux grandes promesses, mais il agit autrement, localement, patiemment.

Dans les campagnes, des jeunes urbains quittent les métropoles pour fonder des micro-fermes, des tiers-lieux, des ateliers partagés. 

À Marseille, Toulouse ou Nantes, des collectifs montent des cantines solidaires, récupèrent les invendus, réinventent la convivialité comme une arme politique. 

À Paris ou à Lyon, des médias indépendants offrent un contre-récit à l’uniformité médiatique.

Ce mouvement n’a pas de leader, pas de manifeste unique. 

Il procède par mimétisme social : l’exemple appelle l’exemple.

 On s’inspire, on mutualise, on tisse des réseaux de confiance.

 On cherche à « refaire la société » là où l’État, épuisé, ne parvient plus à relier.

“On n’attend plus rien d’en haut, mais on fait beaucoup d’en bas”, confie Sarah, 32 ans, installée dans une ferme coopérative .
“On a compris que la politique, ce n’est pas seulement voter.

 C’est nourrir, réparer, accueillir, créer. 

C’est une manière d’habiter le monde.”

📝 L’écologie comme ciment moral


La crise climatique agit ici comme un révélateur. 

Face à la lenteur des politiques publiques, les citoyens se mobilisent sur le terrain , désobéissance civile, jardins partagés, rénovation de logements, recycleries, habitat participatif.

Ce n’est plus la contestation romantique des années 1970, mais une écologie pragmatique, ancrée dans la vie quotidienne. 

Elle s’accompagne d’une réflexion sur la sobriété, la relocalisation, la lenteur. 

Une “révolution douce” où la survie devient acte politique.

Selon un sondage Ifop de 2025, 64 % des moins de 35 ans considèrent que “les changements viendront d’abord de la société civile, pas des gouvernements”. 

Cette conviction traverse les classes sociales et les territoires, redéfinissant la citoyenneté à partir du concret.

📝 Médias libres, esprits critiques


Le désabusement a aussi engendré une renaissance du journalisme indépendant. 

Loin des grands groupes, des rédactions se reconstruisent autour du financement participatif et du travail d’enquête.

 Mediapart en fut le pionnier, mais a viré vers une idéologie wokisme , d’autres ont suivi.

Ces nouveaux médias refusent la neutralité feinte. 

Ils revendiquent la transparence, la vérification et un point de vue assumé sur le monde. 

Leur succès, souvent numérique, prouve qu’un public exigeant existe encore ,lassé des débats creux, avide de sens et de rigueur.

📝 La politique autrement


Enfin, de petites formations locales, des collectifs citoyens et des “listes sans parti” expérimentent une démocratie de terrain , budgets participatifs, assemblées de quartier, décisions horizontales. 

Les résultats sont modestes, parfois chaotiques, mais le geste est fort ,redonner aux citoyens le pouvoir de décider, non plus tous les cinq ans, mais chaque jour.

C’est dans ces espaces minuscules, souvent invisibles, que s’écrit peut-être la suite du roman français , moins héroïque, plus collectif , moins bruyant, plus durable.

📝 Une lucidité active


Les Français ne sont donc pas seulement désabusés. 

Ils sont lucides et cette lucidité peut devenir une force. 

Elle ne crie pas, elle construit. 

Elle ne rêve plus d’un “Grand Soir”, mais d’un matin qui se lève lentement, à la mesure humaine.

“Le désenchantement, c’est quand on cesse de croire à la magie.
La lucidité, c’est quand on apprend à la recréer autrement.”



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