Journalisme et politique : La connivence mise en lumière par l’ombre
En France, la relation entre journalistes et politiques ressemble à une danse à la fois fascinante et troublante, où chacun tente de guider l’autre, sans jamais lâcher la main. Qui manipule qui ? Voilà une vieille question, sans réponse définitive, tant le pouvoir circule dans les deux sens.
Les politiques cherchent à séduire, à cadrer le récit, à imposer des éléments de langage.
Ils savent qu’une phrase mal placée peut devenir un titre de Une, qu’un sourire calculé peut adoucir une réforme impopulaire.
Ils courtisent les micros, les caméras, et parfois utilisent la presse comme caisse de résonance ou comme champ de bataille.
Les journalistes, eux, tiennent la plume et le micro.
Ils choisissent quoi montrer, quoi taire où mettre la lumière.
Un mot sorti du contexte, une enquête fouillée, un silence stratégique , voilà des armes redoutables.
Mais ils ne sont pas totalement libres non plus , soumis aux pressions politiques, aux contraintes économiques de leurs rédactions, aux logiques d’audience qui favorisent le sensationnel au détriment de la nuance.
Alors, qui manipule l’autre ?
Peut-être qu’il faut voir cette relation comme un jeu de miroirs , le politique a besoin du journaliste pour exister dans l’espace public et le journaliste a besoin du politique pour nourrir son récit.
Les deux s’influencent, se défient, se servent parfois.
La manipulation devient réciproque, subtile, permanente.
Une vidéo récemment diffusée par le média L'Incorrect a plongé les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand dans une tourmente médiatique.
On y voit les deux hommes discuter avec Luc Broussy et Pierre Jouvet, respectivement président du conseil national du Parti socialiste et député européen, dans un café parisien.
Au cours de cette conversation, une phrase a particulièrement retenu l'attention : « On fait ce qu'il faut pour Dati », suggérant une collusion entre les journalistes et le PS contre la ministre Rachida Dati .
Cette séquence a été enregistrée à l'insu des participants, ce qui soulève des questions éthiques sur la manière dont elle a été obtenue,mais Mediapart sans prive pas, d'ailleurs ,depuis de années et ca gène personnes.
Patrick Cohen et Thomas Legrand ont fermement nié toute intention complotiste, qualifiant cette rencontre de simple échange informel entre journalistes et responsables politiques.
Cependant, la diffusion de cette vidéo a provoqué une onde de choc, avec des appels à des sanctions et des mises en cause de la déontologie journalistique .
En réponse à cette polémique, France Inter a suspendu Thomas Legrand, tandis que Patrick Cohen a dénoncé une violation de sa vie privée et a annoncé son intention de porter plainte .
Cette affaire relance le débat sur les liens entre les médias, les politiques et l'éthique journalistique, soulevant des interrogations sur la frontière entre information et manipulation.
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