Insécurité - va falloir sortir les frondes et les billes de plomb !



La rumeur se glisse dans les ruelles comme un vieux chien galeux , l’insécurité grimpe, dit-on et chacun y va de son anecdote, de son soupir, de son « on n’est plus chez nous ». 

À force de marteler la même complainte, on finirait presque par croire qu’il ne reste plus qu’à ressortir les frondes de notre enfance et à charger les billes de plomb, comme si le pays tout entier n’était plus qu’un terrain vague livré aux ombres.

La satire, ici, n’est pas un luxe, c’est un antidote. 

Car dans ce vacarme où s’entrechoquent rumeurs, faits divers et fantasmes, un esprit lucide doit garder une bougie allumée. 

Oui, des tensions existent. 

Oui, certains quartiers respirent la fatigue et la débrouille.

 Mais prétendre que tout brûle est souvent le meilleur moyen d’allumer soi-même la torche.

Ce qui trouble aujourd’hui n’est pas seulement la petite délinquance qui ronge les nuits. 

C’est notre relation à la peur, devenue une monnaie courante. 

On la diffuse, on la partage, on la commente à chaud, parfois plus vite que les faits. 

Le réflexe de la fronde est séduisant , il donne l’impression de reprendre le contrôle. 

Pourtant, la vraie maîtrise se gagne dans le discernement , nommer ce qui va mal sans gonfler les voiles du sensationnalisme, dénoncer les dysfonctionnements sans transformer le réel en fable paniquée.

Dans bien des îles, des villes, des bourgs, la solidarité surpasse encore l’angoisse. 

Les voisins veillent, les jeunes se cherchent un chemin entre précarité et fierté, les associations colmatent ce que l’État laisse filer. 

Cela ne suffit pas, mais cela existe. 

Et cela mérite d’être regardé avec autant d’attention que les faits qui font trembler.

Une société ne se sauve pas avec des projectiles miniatures, même polis par la nostalgie. 

Elle se renforce par l’investissement patient , l’éducation qui apprend à ne pas confondre puissance et violence, la justice qui travaille en plein jour, les politiques qui s’appuient sur des chiffres et non sur des impressions.

 C’est moins spectaculaire qu’une fronde brandie, mais infiniment plus efficace.

La sagesse commande de tenir les deux bouts, lucidité sur ce qui blesse et confiance dans ce qui peut guérir. 

Les anciens disaient qu’un peuple qui ne parle plus qu’en termes de menace oublie vite sa propre grandeur. 

Il gagne alors à se souvenir que le courage n’est pas de frapper, mais de comprendre, d’agir, de tisser à nouveau cette toile commune qui protège mieux que n’importe quelle arme d’enfant.

Le monde reste rude, mais il s’ouvre à ceux qui savent regarder en face sans renoncer à l’espérance. 

En s’armant non de plomb, mais de bon sens. 

Et de cette obstination tranquille qui continue, même dans la tourmente, à faire tenir debout une communauté.

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