Thomas Legrand - Liberté d’expression vs neutralité journalistique
Qui est Thomas Legrand ?
Journaliste politique français né en 1963.
Il est notamment éditorialiste à France Inter et intervient dans diverses émissions et médias.
L’affaire et la liberté d’expression
Voici les faits et leurs enjeux, afin de dégager sans fard ce qu’ils nous disent sur la liberté d’expression dans le paysage audiovisuel français.
Les faits
En juillet 2025, Legrand a été filmé à son insu dans un café parisien, en discussion avec Patrick Cohen (également journaliste) et deux cadres du Parti Socialiste.
Une vidéo a été publiée le 5 septembre par le magazine d’extrême droite L’Incorrect.
Dans cette conversation, Legrand aurait dit : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi » (référence à Rachida Dati).
Ce propos a été interprété comme un indice de connivence entre journalistes et politique.
Suite à cela, France Inter a suspendu Legrand « à titre conservatoire ».
Puis il a renoncé à sa future émission hebdomadaire, tout en restant à l’antenne dans un rôle plus limité.
Le comité d’éthique de France Télévisions a rendu un avis , il souligne que l’enregistrement à l’insu est illégal, mais ne porte pas de jugement complet sur le fond des échanges.
Les directions de France Télévisions et de Radio France dénoncent une « campagne de dénigrement » orchestrée par les médias du groupe Groupe Bolloré (notamment CNews et Europe 1) en réponse à cette affaire.
Parmi les enjeux, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) va auditionner les présidentes des groupes publics.
Les implications pour la liberté d’expression.
Liberté d’expression vs neutralité journalistique.
La liberté d’expression est un droit fondamental , chacun peut exprimer des idées.
Mais pour les journalistes de service public, s’ajoute la question de la distance nécessaire entre reportage/commentaire et engagement politique.
L’affaire montre que la perception (ou la réalité) d’un journaliste « faisant ce qu’il faut pour » un camp politique affaiblit la confiance publique.
Enregistrement à l’insu et droit à la vie privée.
Le fait que la vidéo ait été filmée sans consentement soulève des questions sur le droit à la vie privée, l’intégrité des journalistes et la méthode de diffusion.
Cette pratique a été qualifiée d’illégale par le comité d’éthique.
Cela montre que la liberté d’expression ne signifie pas que tout propos peut être diffusé sans encadrement.
Pressions externes et médias publics.
Le fait que des médias privés ou à ligne éditoriale marquée puissent déclencher une «campagne» contre des journalistes publics pose la question ,qui surveille les surveillants ?
Si la liberté d’expression est garantie, la pluralité des voix, l’indépendance des médias publics et la transparence des pratiques sont tout aussi essentielles.
Effet sur l’antenne et la parole journalistique
Legrand a dû renoncer à son émission hebdo.
Cela peut être vu comme une atteinte à sa liberté d’expression ou comme une correction nécessaire de l’équilibre attendu d’un journaliste du service public.
La ligne est fine.
Mon regard ,avec un peu de verbe poétique.
Nous vivons dans un paysage où la plume du journaliste tente de se déployer tout en évitant les pièges d’une toile trop serrée.
Thomas Legrand, dans cette affaire, n’est pas seulement un personnage , il devient symbole , celui de la tension permanente entre tribune libre et responsabilité, entre parole publique et ombre privée.
Quand un journaliste confie à voix basse « Nous, on fait ce qu’il faut pour… », la parole publique s’embarrasse d’un doute , ce « on » est-il collectif de la mission ou coulisse d’un engagement partisan ?
La liberté d’expression ne se mesure pas seulement à la capacité à parler , elle se mesure aussi à la capacité à être entendu avec confiance, à la crédibilité de la voix.
Et puis il y a l’ombre du pouvoir , médias de marché, groupes privés, influences économiques.
Si la liberté d’expression est le soleil, la pluralité et l’indépendance en sont les rayons.
On ne peut pas laisser ces rayons être voilés par des orientations cachées.
En conclusion
L’affaire Thomas Legrand met à l’épreuve nos conceptions de la liberté d’expression dans les médias publics.
Elle nous rappelle que cette liberté n’est pas un absolu sans condition , elle s’inscrit dans un cadre de déontologie, d’éthique, d’équilibre.
Elle invite aussi à rester vigilants , un journaliste peut s’exprimer librement, mais le système médiatique et la société ont le droit de poser des questions sur cette expression.
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