Ces « contrats de convergence », signés dès 2019 avec sept collectivités, promettaient « de changer concrètement la vie » pour un effort financier de 2,1 milliards d’euros sur la période 2019–2022 .
Pourtant, dans la réalité mouvante des lagons, l’illusion s’est parfois heurtée aux récifs du quotidien , la vie chère perdure, le chômage reste élevé, particulièrement à Mayotte où il a atteint 35 % selon l’Insee et les baisses enregistrées (- 4 points en Martinique, - 6 points en Guadeloupe, - 5 points à La Réunion et en Guyane) peinent à rattraper la moyenne nationale .
Pire, la tension budgétaire a ramené l’État à réduire de 250 millions d’euros le budget du ministère des Outre‑mer, jetant une ombre sur la sincérité des engagements.
Ainsi, ces promesses chuchotées dans les salons de l’Élysée semblent parfois seules sur une mer déchaînée, flottant entre espoir et désenchantement.
Au-delà des chiffres, c’est un déni structurel qui s’est imposé, déni des spécificités insulaires, déni des handicaps géographiques, déni des inégalités héritées d’un passé colonial.
Ce refus de voir la profondeur des fractures sociales a offert un terreau fertile à une force politique qui prospère sur la contestation de ce même ordre établi.
En 2022, Marine Le Pen a récolté plus de 60 % des suffrages aux Antilles au second tour, portée par un vote « anti‑Macron » nourri du ras‑le‑bol contre les confinements, le pass sanitaire et la promesse inassouvie d’une vie meilleure .
Le déni, dans ce chœur des discours, est-il devenu la musique dominante ?
Lorsque l’institution se voile la face et préfère la liturgie des déclarations à l’audace de l’action, elle cède du terrain à ceux qui jouent de la flûte des désillusions.
Loin d’être un simple oubli, ce déni se transforme en message politique : « Je dis la vérité que vous ne voulez pas entendre ».
Ainsi, le populisme s’empare de la parole ultramarine pour en faire la voix d’un supposé « oublié » de la République.
Pour écrire un futur poétique et lyrique où le passé devient le socle d’un horizon partagé, il faut briser ce miroir du déni et réinventer le lien entre la France et ses outre‑mers, non plus de simples satellites de la métropole, mais des phares d’innovation, de résilience et de fraternité universelle.
Cessons de craindre nos propres ombres, qu’au contraire nous en fassions des instruments de clarté politique, tissant un récit commun qui transcende l’illusion et s’ancre dans la réalité vivante des peuples ultramarins.
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