Mediapart, par son travail opiniâtre, a révélé plusieurs de ces dérives. 

L’affaire de Viry-Châtillon , derrière l’agression dramatique de policiers en 2016, des enquêteurs ont été accusés d’avoir façonné de toutes pièces des coupables. 

Des procès-verbaux modifiés, des témoins contredits, des vies brisées par l’écriture biaisée de quelques lignes. 

La justice s’est retrouvée face à une question vertigineuse, quand l’acte d’accusation repose sur du faux, que reste-t-il du droit ?

D’autres affaires ont fait émerger la présence de documents litigieux dans la sphère politique, notamment autour des assistants parlementaires du Rassemblement national. 

Des papiers qui semblaient rédigés pour brouiller les pistes, protéger certains acteurs et détourner l’enquête de ses véritables cibles.

À côté de ces affaires institutionnelles, un marché parallèle prospère. 

Dans les recoins obscurs de Telegram ou d’autres réseaux, des identités trafiquées, des fichiers administratifs falsifiés et des passeports contrefaits circulent à prix d’or. 

Ces pratiques ne se limitent plus au crime organisé ,elles contaminent les marges mêmes de nos administrations.

La question n’est donc pas seulement juridique. 

Elle est éthique, politique, démocratique. 

Car si les gardiens de la loi ou les prétendants au pouvoir manipulent les preuves, alors le contrat social lui-même vacille.

 La vérité, qui devrait être l’horizon du débat public et de la justice, se retrouve éclipsée par la rumeur, la falsification et la manipulation.

Il ne s’agit pas d’agiter la peur, mais d’ouvrir les yeux, la fabrique de faux documents n’est pas une fiction de polar. 

C’est une réalité, documentée, vérifiable, qui doit interroger notre vigilance citoyenne.

La démocratie ne repose pas seulement sur des bulletins de vote. 

Elle tient aussi à la solidité d’un papier, à l’intégrité d’une signature, à la probité de celles et ceux qui consignent les faits.

 Quand ce socle se fissure, c’est toute la maison commune qui tremble.