France - Le service public peut-il encore incarner la neutralité ?
La ,ont touches, ici, à une faille tectonique de notre époque ,la neutralité n’est plus perçue comme un point d’équilibre, mais comme une posture idéologique parmi d’autres.
Quand tout devient sujet à polarisation, la science, l’école, l’information, la justice, le service public se retrouve pris dans une tempête qu’il n’a pas déclenchée, mais qu’il doit traverser.
Historiquement, l’idée même de service public reposait sur un pacte implicite , l’État agit non pas au nom d’un clan, mais au nom de tous.
Ce qui fondait sa légitimité, c’était la neutralité, entendue comme impartialité ,un engagement à servir sans préférence, à garantir l’égalité de traitement.
Or, dans un monde où chaque parole est scrutée, contextualisée, parfois arrachée à son contexte, cette neutralité est souvent lue comme complicité ou indifférence.
Ne pas prendre parti est déjà, pour certains, un parti pris.
Le paradoxe est cruel , le service public doit être neutre pour conserver la confiance du peuple, mais cette neutralité est aujourd’hui soupçonnée de masquer un biais dominant, culturel, politique, ou technocratique.
On exige de lui qu’il incarne la justice tout en étant sans opinion , qu’il soit engagé dans la défense de valeurs universelles, sans jamais sembler militant.
Mission quasi impossible dans un climat saturé de récits concurrents.
La question devient alors moins , peut-il encore être neutre ? que ,quelle forme de neutralité est encore crédible ?
Une neutralité de procédure, des règles claires, transparentes, appliquées sans discrimination peut encore tenir.
Mais une neutralité de discours, dans un monde où la parole est arme politique, paraît désormais suspecte.
Le service public se trouve condamné à justifier sans cesse sa neutralité, comme un juge sommé de prouver son impartialité avant chaque verdict.
Le cœur du problème n’est peut-être pas la neutralité elle-même, mais la défiance qui mine la notion de vérité commune.
Quand plus rien n’est universellement admis, même l’arbitre est accusé de jouer.
Reste à inventer une neutralité active, lucide, consciente de ses biais, mais résolue à maintenir un espace commun où la pluralité peut encore coexister sans se déchirer.
Ce n’est pas une neutralité de retrait, mais de responsabilité.
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