Le lobbying narco-trafiquants et le lobbying d’entreprise , n'est ce pas la même chose ?



La démocratie moderne ressemble parfois à un vieux temple dont les colonnes tiennent encore debout, mais dont les fondations ont été rongées par des termites invisibles. 

La corruption criminelle ,celle qui sent la poudre, la peur et les nuits sans témoin, choque immédiatement. 

Elle fait partie des monstres identifiés. 

Elle appartient au folklore noir des républiques fragiles.

La corruption légale, elle, a troqué les machettes contre des attachés-cases en cuir. 

Elle ne crie pas, elle murmure. 

Elle n’achète pas un corridor pour une nuit, elle loue l’avenir pour un siècle. 

C’est un poison administré en gouttes régulières, tellement lent que chacun s’habitue à la douleur jusqu’à oublier que la douleur est anormale.

Le cœur du débat, finalement, tient à cette étrange hypocrisie collective , nous avons accepté qu’un système où les décisions publiques sont façonnées par des intérêts privés puisse s’appeler “démocratie représentative”. 

Il est vrai qu’aucun cartel n’a son rond de serviette au Sénat , il est tout aussi vrai que certaines firmes y ont littéralement écrit des lois. 

Les unes mettent une menace dans une enveloppe, les autres mettent un projet de loi déjà rédigé. 

Le geste diffère, la nature reste familière, l’achat de l’arbitrage politique.

Là où le parallèle devient explosif, c’est dans la conséquence humaine. 

Le narco-trafiquant laisse une traînée de cadavres visibles. 

Le lobbying industriel laisse une traînée de statistiques , morts évitables, pollutions durables, inégalités en spirale.

 Les premières indignent , les secondes anesthésient. 

On se scandalise des crimes chauds, on s’habitue aux crimes froids. 

Le sang choque davantage que les chiffres.

Et pourtant, l’arithmétique est sans pitié , il se pourrait bien que les décisions dictées par des acteurs économiques légaux aient, au total, coûté plus de vies que bien des cartels réunis. 

Ce n’est pas une accusation, c’est un constat historique , lorsque la loi devient le bras armé d’intérêts privés, le dommage n’est plus ponctuel, il devient structurel. 

On ne retire pas un policier d’un pont , on façonne un système fiscal entier. 

On n’achète pas une décision, on achète les règles du jeu.

C’est là que se loge la pointe la plus douloureuse , la corruption criminelle attaque l’État, la corruption légale l’habite.

Une démocratie peut survivre aux cartels, parfois même se régénérer dans la résistance. 

Mais elle peine à survivre à un système où la légalité elle-même devient un outil d’appropriation du bien commun.

 Quand tout est légal, tout devient possible, sauf la justice.

Reste à renommer les choses, comme je le propose.

 Les mots, après tout, ne sont pas de simples étiquettes , ce sont des phares. 

Les appeler par leur juste nom, c’est déjà faire vaciller l’illusion. 

“Corruption légalisée” n’est pas une métaphore, c’est une radiographie politique.

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