France - Islamisme ,Musulman ,est ce la même chose ?
Dans le débat public français, trois mots reviennent comme un refrain, musulman, islam, islamisme.
Leur proximité sonore nourrit l’amalgame.
Leur sens, pourtant, se situe à des kilomètres l’un de l’autre.
La confusion entretient les tensions, les récupérations politiques et les peurs.
La lucidité impose de remettre les termes à leur juste place.
Être musulman relève de la foi ou de la culture.
En France, plusieurs millions de citoyens se réclament de cet héritage, parfois de manière fervente, parfois simplement par tradition familiale.
Ils forment un paysage discret, composite, ancré dans le quotidien, employés, médecins, journalistes, artisans, policiers.
Leur religion, comme toute autre, s’exprime dans le cadre de la loi et du pluralisme républicain.
L’islamisme, lui, n’est pas une religion.
C’est une idéologie politique, née au XXᵉ siècle, qui vise à organiser la société selon une lecture militante de l’islam.
Ses méthodes varient, de l’entrisme idéologique à la violence terroriste.
Ses cibles, souvent, ne se limitent pas aux sociétés occidentales.
Les premières victimes sont fréquemment des musulmans eux-mêmes.
Dans de nombreux pays, ce sont des imams, des intellectuels, des familles ordinaires qui affrontent la pression des groupes islamistes.
Confondre l’un et l’autre revient à assimiler tous les catholiques à l’intégrisme catholique ou tous les Français à un mouvement radical.
Une simplification qui rassure certaines tribunes politiques, mais qui abîme le débat démocratique.
La sociologue Nilüfer Göle le rappelle, la majorité des musulmans européens vivent leur religion dans un cadre strictement privé et cherchent avant tout à être considérés comme des citoyens à part entière.
La France, pays laïque et attaché à la liberté de conscience, navigue dans une zone sensible, lutter fermement contre l’islamisme radical sans fracturer le lien avec une part importante de sa population.
Les attentats des dernières années ont laissé des cicatrices profondes.
Mais la réponse institutionnelle, sécuritaire, judiciaire, éducative , ne peut se transformer en soupçon généralisé.
L’enjeu dépasse la simple sémantique.
C’est un choix de cohésion nationale.
Un choix qui consiste à distinguer une menace politique d’une communauté religieuse diverse, mouvante, souvent silencieuse.
Un choix qui peut décider de l’avenir du vivre-ensemble français.
Comme l’écrivait Albert Camus, “mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.”
Nommer avec précision, c’est déjà commencer à réparer.
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