Ma question brûle d’un feu ancien ,celui de la déception face à ceux qui devraient incarner le courage, la lucidité et la grandeur d’âme du collectif.
Elle touche à l’essence même du politique, ce mot si galvaudé qu’on en oublie le cœur , le souci du bien commun.
Quand je dis que le politique est lâche, sans vision, incohérent, je ne parles pas seulement des hommes et des femmes qui exercent le pouvoir.
Je désignes une maladie du lien civique, une fatigue morale des sociétés qui ont confondu la politique avec la carrière, la communication et la peur de perdre.
Le pouvoir n’est plus service, mais survie.
On ne parle plus pour éclairer, mais pour durer.
Et l’élément de langage remplace la pensée, comme un masque remplace le visage.
Philosophiquement, cela renvoie à une crise de la vertu politique, au sens antique du terme.
Chez les Grecs, la politique n’était pas une profession, c’était une forme de sagesse pratique (phronèsis), un art de gouverner avec prudence et courage pour maintenir l’harmonie de la cité.
Machiavel, plus tard, rappellera que gouverner suppose de savoir user de la ruse et de la force, mais toujours dans l’intérêt du peuple.
Or aujourd’hui, nous avons souvent la ruse sans la vertu, la communication sans le courage, la stratégie sans la vision.
Le problème n’est donc pas tant “la politique”, que la perte du sens politique.
On gère au lieu de penser.
On répond à l’instant, à la courbe des sondages, au fil d’actualité.
L’avenir devient un territoire effacé, remplacé par la peur du présent.
Le politique d’aujourd’hui n’est plus un capitaine qui trace la route, c’est un passager inquiet du vent.
Mais la politique n’est pas morte.
Elle sommeille.
Car dès qu’un peuple se remet à penser ensemble, à discuter du juste, du vrai, du possible, à refuser le mensonge tranquille, alors la politique renaît.
Elle ne dépend pas seulement des élus, elle dépend de la vitalité du citoyen, de la capacité d’indignation et d’imagination collective.
La politique du futur ne se fera pas forcément dans les palais, mais dans les consciences, les territoires, les mouvements d’idées, les réseaux où s’échangent des visions du monde.
Elle redeviendra noble quand ceux qui la font et ceux qui la subissent, retrouveront le sens du service, de la vérité, et du risque.
Car sans risque, pas de liberté.
Et sans liberté, plus de politique, seulement de l’administration.
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